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Quand l'anesthésie explore son passé

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Brève histoire de l’analgésie obstétricale avant la péridurale


Le 19 janvier 1847, Simpson  , un obstétricien renommé d’Edimbourg (Écosse), utilise l’éther pour effectuer une manœuvre au cours d’un accouchement. Quelques mois plus tard, le 20 novembre 1847, il pratique un accouchement facilité par une administration de chloroforme. Des observations similaires sont présentées dès février 1847 à l’Académie de Médecine de Paris.

Longtemps, en Angleterre et aux États Unis, comme en France, l’emploi des anesthésiques pour limiter la douleur de l’accouchement restera fortement controversé. Le prédicat de la Genèse « tu enfanteras dans la douleur » est la réponse des opposants dogmatiques ou religieux.

Lentement pourtant, la plupart d’entre eux se rallient à l’usage des petites doses de chloroforme pour diminuer la douleur du travail obstétrical. Le choix de la Reine Victoria d’avoir recours pour son huitième accouchement le 7 avril 1853 au « béni chloroforme délicieux » apporte à John Snow   la renommée et à cette méthode ses lettres de noblesse sous l’appellation « d’anesthésie à la Reine » .

Cette pratique restera en usage très longtemps, remplacée progressivement à partir de 1930 par l’administration du protoxyde d’azote, « gaz hilarant » connu de longue date pour exposer à des risques d’hypoxémie si utilisé pur. Ce n’est qu’en 1940 que sera disponible un mélange sûr, fiable et stable de protoxyde d’azote et oxygène, toujours en usage de nos jours dans les maternités françaises (Entonox®, MEOPA®.)

Des protocoles d’anesthésie mixte, connus depuis Claude Bernard  , visaient à obtenir un « sommeil crépusculaire » par injections sous-cutanées de morphine et de scopolamine ou plus tard intraveineuse de barbituriques à faibles doses, produits présumés moins dangereux que le chloroforme pour la mère et pour l’enfant…

Dans les années 1950, on assiste à un renouveau des méthodes dites « naturelles » ou « psychoprophylactiques », d’inspiration soviétique, basées sur la maîtrise de la respiration, la variation des positions et l’administration de médicaments antispasmodiques. Mais ces techniques montrent rapidement leurs limites.

Dans ces mêmes années se développe le concept d’auto-analgésie obstétricale grâce à l’inhalation par la parturiente elle-même de vapeurs analgésiques de trichloréthylène ou de méthoxyflurane administrées grâce au Trilène-Inhaler ou au Cyprane-Inhaler.

Vers 1970 des appareils semblables, légers, tenus à la main, dont certains sont également présentés dans cette vitrine (penthrane-oxylator, penthrane-analgizer..) délivrent à la patiente à sa demande des vapeurs de penthrane. Les résultats sont globalement décevants, le risque de somnolence restant conséquent.

 A partir de 1980, la péridurale va se développer progressivement pour l’analgésie du travail dans la totalité des maternités de France.