]
Jusqu’en 1940, le chirurgien fait à la fois la chirurgie et l’anesthésie. Il opère soit dans un hôpital ou une clinique, soit à domicile pour les petites interventions. Un aide (chauffeur du chirurgien , religieuse …) se tient à la tête du patient et obéit à ses ordres pour l’anesthésie
À partir de 1930, de rares chirurgiens, s’étant rendu compte du retard que prenait la chirurgie française par rapport aux chirurgies anglosaxonnes, médicalisées depuis 1900, ont pris comme collaborateur un médecin formé à l’anesthésie.
En 1934, le Pr. Robert Monod (1884-1970) crée la Société d’Étude de l’Anesthésie et de l’Analgésie (100 membres dont 4 anesthésistes). La revue Anesthésie et Analgésie est créée en 1935 et parait jusqu’à nos jours avec des titres différents.
La deuxième Guerre mondiale permet de diffuser les nouvelles techniques. En France, seuls 23 médecins spécialisés pour l’anesthésie existent en 1946.
Les agents anesthésiques volatils sont toujours l’éther et le chloroforme. Ce dernier est préféré des chirurgiens sauf à Lyon car il est rapide mais sa manipulation demande de la précision. Il provoque des accidents mortels dont la cause mettra plus de 50 ans à être expliquée.
Dans les années 1860, Le protoxyde d’azote (N2O) revient en force d’abord pour l’anesthésie dentaire, mais aussi pour la chirurgie générale après les travaux de Paul Bert (1878). Celui-ci montre que le N2O pour être efficace doit être donné à 100% de concentration mais il est alors asphyxiant. Il préconise d’utiliser des caissons hyperbares (1,3 atmosphères) ce qui permet de rajouter de l’oxygène. Une salle d’opération itinérante est construite par le Dr Fontaine et des caissons pour les dentistes. Cette technique ne se développe pas en raison de la complexité des installations. L’anesthésie au N2O sera employée avec de l’oxygène dans les années 1930 et 1940.
En 1894, un nouvel anesthésique volatil est découvert, le chlorure d’éthyle d’action rapide mais très courte. Il est très utilisé pour les ablations d’amygdales.
En 1930, Le cyclopropane parait être un très bon anesthésique mais il est très explosif et nécessite un appareil spécial. Il ne sera utilisé en France qu’après 1946.
En 1873/1875 Pierre Cyprien Oré de Bordeaux (France), invente l’anesthésie intraveineuse en injectant du chloral. La durée de l’anesthésie est de 8 à 12h ! Rapidement cette technique est abandonnée en France en raison des risques de phlébite au point d’injection et d’embolie pulmonaire.
Ce n’est qu’à partir de 1905 que d’autres anesthésiques intraveineux sont découverts : Hédonal (1905), Somnifen (1921), Pernoston (1932), Évipan (1932) et Penthotal (1934). Les utilisations françaises ont été rares à ces époques. Le Penthotal® devient un anesthésique très utilisé après 1946.
L’anesthésie est un sujet d’étude pour de nombreux physiologistes français.
Claude Bernard étudie les curares, les anesthésiques et l’asphyxie. Il est le premier à recommander une prémédication à la morphine avant toute anesthésie.
Paul Bert , outre ses travaux sur la pression barométrique, travaille sur le protoxyde d’azote et fait des recherches sur les concentrations efficaces et mortelles des anesthésiques qui débouchent sur l’utilisation de mélanges titrés pour chaque anesthésique. Ces notions ne sont comprises et utilisées qu’au XXe siècle.
Vous avez dans les vitrines l’évolution de l’anesthésie générale. Les techniques les plus simples sont utilisées : linge arrosé d’anesthésique (le patient est à moitié réveillé et l’opérateur à moitié endormi !), masques revêtus de compresses, cornets, …
Les appareils à mélanges titrés n’apparaissent qu’à partir de 1900.
Pour éviter les complications respiratoires pendant l’anesthésie de nombreux accessoires sont inventés : ouvre-bouches, pinces tire-langue, canules oropharyngées…
L’utilisation de l’oxygène en anesthésie date de cette époque, surtout pour la chirurgie thoracique. La technique d’intubation trachéale est décrite.
Des livres expliquant les techniques paraissent régulièrement, ils sont écrits par les chirurgiens.