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l’assemblée Générale du 20 /11/2012
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L’anesthésie, parent pauvre de la célébrité
De nombreux textes législatifs et réglementaires de notre vie quotidienne portent le nom de leur promoteur, dont la mention finit par se substituer aux références administratives : la loi X, le dispositif Y, ...
De la méme façon, dans l’histoire de la médecine, de nombreuses techniques chirurgicales portent aujourd’hui la dénomination de leur concepteur. Nous sommes familiers avec l’évocation de l’opération de Mac Burney, de Freyer, de Ender €¦ et tant d’autres.
Au sein de ces habitudes patronymiques, la place des anesthésistes est toutefois extrémement réduite.
Rédigée à partir de 1925 et publiée en trois éditions françaises successives jusque 1963, la « Nomenclature des maladies et opérations à noms propres » de P. Hombourger (Editions Delalande) nous donne une idée du ratio d’immortalité patronymique entre chirurgien et anesthésistes. Il recense 250 techniques à noms célèbres, dont d’ailleurs de nombreuses sont aujourd’hui inusitées, tels les interventions de Mickulicz, Péan , Sauerbruch€¦etc..Mais seulement quatre techniques ayant un rapport direct avec l’anesthésie, et quatre relatives à la médecine d’urgence.
Cette précieuse rareté nous incite à en reproduire ici les intitulés :
En anesthésie-réanimation :
Laborit (technique de 1952) : hibernation artificielle pour opérations graves ou gravissimes, surtout en neurochirurgie et chirurgie cardiaque.
Quincke (procédé de 1891) : rachicentèse, ponction lombaire à l’aiguille
Reclus (procédé de 1902) : anesthésie locale par injection intradermique et sous-cutanée d’une solution de novocaïne.
Sarnoff (technique de 1948) : technique de respiration artificielle par excitation électrique du nerf phrénique.
En médecine d’urgence :
Holger-Nielsen (méthode de 1934) : méthode ventrale de respiration artificielle avec deux temps inspiratoire et expiratoire très actifs.
Schaeffer (méthode de,1927) : méthode ventrale de respiration artificielle.
Sylvester-Thomsen (technique de 1858) : procédé de respiration artificielle manuelle longtemps classique, des noyés à réanimer, les sujets étant couchés sur le dos, d’où stagnation des liquides absorbés et inhalation.
Tossach (méthode de 1743) : méthode très ancienne, discréditée puis remise en vogue par Nohar en 1958, de respiration artificielle en réanimation, par le « bouche-à -bouche » .
Il faut attendre 1998 et la parution de « Notable names in anaesthesia », dirigé par J Robert Maltby, pour trouver une actualisation de ce thème avec des techniques bien plus récentes, telles que :
– le Bier intravenous block ou anesthésie locale intraveineuse décrite en 1908,
– la manoeuvre de Sellick (pression du cricoïde pour éviter les remontées gastriques) décrite en 1961
– la manoeuvre de Heimlich pour l’extraction des corps étrangers trachéaux en premier secours, décrite en 1974.
Enfin, depuis quelques années sont apparus de nombreux scores du nom de leur promoteur ; dont nous ne citerons que les plus célèbres :
– le Bromage score décrit la récupération du bloc moteur après péridurale en 1965 ;
– le score d’Aldrete pour le réveil anesthésique en 1970 ;
– le score d’Apgar pour l’évaluation des nouveau-nés à la naissance en 1953 ;
– le score de Cormack- Lehane ou évaluation laryngoscopique des difficultés d’intubation ;
– le score de Mallampati pour l’évaluation de l’intubation difficile décrit en 1983.
Mais tous ces scores ne concernent spécifiquement que les anesthésistes.
Ainsi , méme avec cette publication récente, rédigée en anglais, la représentation des anesthésistes semble bien minoritaire dans le cercle des patronymes médicaux célèbres .
Décidément, depuis que Morton s’est présenté en retard avec son inhalateur auprès de Warren, l’anesthésie est restée le parent pauvre de l’aura médicale !
Paradoxalement, c’est au sein de notre spécialité que nous rencontrons aujourd’hui en France les plus fervents animateurs de la lutte contre l’oubli médical, à laquelle le Club d’ Histoire de l’Anesthésie Réanimation contribue largement.
Jacques HOTTON