Auguste Reverdin 1848-1908, chirurgien genevois est le cousin de Jacques Louis Reverdin (1842-1929) mondialement connu pour l’aiguille chirurgicale qui porte son nom. Les deux hommes ont fondé la première clinique chirurgicale privée de Genève avant qu’Auguste ne s’oriente pour une carrière universitaire comme professeur de chirurgie à l’université de Genève. Il n’était pas seulement un chirurgien habile, mais aussi un chirurgien des plus ingénieux : appareil à tractions continues pour l’extirpation de l’utérus fibromateux, des perfectionnements à l’aiguille célèbre de son cousin, des procédés de stérilisation du catgut par la chaleur. Pour l’anesthésie, il a inventé en 1889 un ouvre bouche resté relativement méconnu.
A la fin du XIX° siècle, la perméabilité des voies aériennes supérieures est assurée de deux manières, soit par la subluxation antérieure de la mandibule, soit en tirant sur la langue avec une pince. La traction de la langue nécessite l’usage d’un instrument souvent agressif, coupable de saignement et d’hématomes. Ce geste est en général précédé de la mise en place d’un ouvre-bouche pour forcer l’ouverture, avec un risque de bris dentaire non négligeable.
C’est pourquoi Reverdin est partisan de la première méthode. Mais l’aide anesthésique à la téte
du patient est, à l’époque un personnel peu qualifié qui selon ce chirurgien a du mal a effectuer la subluxation avec méme parfois un effet inverse bloquant le passage de l’air. C’est ce qui l’a motivé à imaginer cet instrument.
Il est composé de deux pièces d’acier dont l’une en forme de croissant, est placée en arrière des incisives inférieures, l’autre esr positionnée sous le menton au niveau des branches horizontales de la mandibule. Ces deux pièces sont réunies par une charnière actionnée par une vis avec un écrou à ailettes pour permettre aux doigts de l’opérateur, la traction vers l’avant.
L’appareil est positionné sur le patient avant l’anesthésie, serré modérément pour ne pas blesser le sujet, qui s’endort la bouche entr’ouverte. La langue et les joues restent libres et la déglutition est peu génée. Il suffit alors à l’opérateur de tirer dessus à la moindre menace d’asphyxie.
Auguste Reverdin , ne parle pas du tout de la façon dont est administrée l’anesthésie et on imagine mal l’utilisation d’un masque avec cet appareil en place. Cet €œouvre-bouche€ ne semble pas avoir connu un grand succès car la littérature est extrémement pauvre à ce sujet.
Référence
Reverdin A. Ouvre-bouche pour l’anesthésie. Revue illustrée de
polytechnique médicale et de chirurgie orthopédique, 1889 ; 2 : 145-8.
Le brouillon de la conception de cet appareil est conservé à la Bibliothèque de
Genève sous la référence Ms. fr. 8257, env. 4, f. 6-15v