BIOGRAPHIE DE R. DUBOIS
RAPHAEL HORACE DUBOIS est né en 1849 au Mans ;
– après des études de pharmacie terminées en 1875 à paris, il acquiert le titre de docteur en médecine en 1876.
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exerçant comme préparateur de physiologie en 1882 dans le service du Pr. Paul Bert à la Sorbonne, il devient sous-directeur du labo d ’optique en 1883.
Docteur es sciences en 1886, il est nommé professeur de physiologie générale et comparée a Lyon, et dans ce cadre, il fonde la station de biologie marine de Tamaris s/mer puis celle de Sfax (Tunisie)
il décède en 193 ?
TRAVAUX EN PHYSIOLOGIE
A ce titre, Raphaà« l DUBOIS est l’auteur de nombreux travaux dans le domaine de la physiologie animale et végétale, avec toutefois des thèmes préférentiels tels que :
– LA VIE ET LA LUMIERE :
la fonction photogénique (1885),la production de lumière par les étres vivants (1886 et 1913),la fluorescence des insectes lumineux (1910), les végétaux lumineux : lumière de l’avenir (1914),la rétine des vertébrés : cônes et bâtonnets ( n.d.), la vie et la lumière ( ouvrage,1914)
– LA PHYSIOLOGIE DU SOMMEIL :
le sommeil hivernal des invertébrés (1896), la température variable des animaux et le sommeil(1896), la physiologie du sommeil normal (1910),les mouvements respiratoires chez les hibernants (n.d.),les mécanismes du réveil chez les hibernants ( n.d.)
– LES HUITRES ET L’ECOLOGIE MARINE :
la pintadine de Tunisie présentée en France (1907),la biologie des éponges (1908 et 1914),la perle et l’huître perlière (1913), les essais de culture marine en méditerranée ( 1916),la formation de la coquille des mollusques( n.d.), la peste des écrevisses de Nantua (n.d.)
– LA BIOLOGIE ANIMALE ET VEGETALE :
la formation de la gréle (n.d.),la toxicité des fleurs de freesia (n.d.),la soie du bombyx (1891),les pigments de la pourpre (1910),les vacuolides (1887), les mitochondries (n.d.),l ’oxyde de carbone chez les invertébrés (n.d.).
D’autres travaux portent sur L’HYGIENE ET LA SOCIOLOGIE :
décentralisation de l’université et l ’annexe maritime de Lyon (1893), l’embaumement et la momification (1914).
Il milite pour la création d ’instituts pour « l’étude scientifique des questions relatives au pacifisme » en 1914 et développe la « théorie anticinetique », expliquant par une « force aveugle poussant les étres vivants à se mouvoir en sens inverse du mouvement cosmique de rotation de la terre », les origines naturelles de la conflagration européenne de 1914 !
TRAVAUX SUR L €˜ANESTHESIE
Sa première contribution à l’anesthésie apparaît en 1883, année où le Pr. Paul BERT présente, le 22 décembre, devant la Société de Biologie ses « premières observations d’ anesthésie par les mélanges titrés chez l’homme » ; il précise que « l’expérience a été conduite par Mr R. Dubois, préparateur de (son) laboratoire »
Ses propres recherches sur l’anesthésie sont également rapportées dans les « Comptes-rendus de la Société de Biologie » :
_*la machine à anesthésier du Dr. DUBOIS, 14 juin 1884
_*la physiologie générale des anesthésiques, 24 octobre 1884
Il rédigera en 1885 un mémoire de Biologie sur « l’anesthésie par les mélanges titrés, méthode du Pr. Paul BERT » puis publiera dans la « Revue générale des sciences pures et appliquées » en 1891 :
_* l€˜ insensibilisation chirurgicale, 15 juin ; p. 353 à 363
_* mécanisme de l ’action des anesthésiques, 15 sept ; p. 561 à 567 :
Ces travaux seront ultérieurement mentionnés dans deux livres de physiologie :
* « Leçons de physiologie générale et comparée »
* « Leçons de physiologie expérimentale édités chez Carré & Naud en 1898 et 1900 ;
mais surtout, ces publications seront reprises et développées dans son ouvrage :
« Anesthésie physiologique et ses applications », précis de 200 pages et 20 fig. édité chez Carré en 1894.
LE PRECIS D’ANESTHESIE
« l’anesthésie physiologique est la plus merveilleuse découverte de l ’humanité et la plus bienfaisante ».
Cet ouvrage est,en fait,un panorama des techniques utilisables en 1894.
Il est rédigé à partir de la compilation de la presse médicale, de son expérience clinique personnelle et de ses recherches de laboratoire à la Sorbonne, sous la direction de Paul Bert , ou au labo de physiologie de l ’université de Lyon .
Il contient de nombreux chapitres, parmi lesquels ne ferons que mentionner ceux comportant une contribution particulière de Raphaà« l Dubois :
le MODE D’ACTION DES ANESTHESIQUES fait appel à un phénomène de déshydratation du protoplasme cellulaire .Ils provoquent une dessiccation avec gélification réversible du protoplasme cellulaire entraînant une action paralysante ou inhibitrice de la matière vivante.
les EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES des anesthésiques sont explicités à l’aide des titrations de Paul Bert . L’activité et la toxicité sont fonction de la pression partielle sanguine de vapeur ; la connaissance du degré de dilution et de la durée d’inhalation permet de ne pas procéder empiriquement. Ces données expérimentales sont le fondement de la « méthode scientifique d’anesthésie par les mélanges titrés »
Parmi les SYNCOPES ANESTHESIQUES, certaines syncopes respiratoires sont liées à un manque de rigueur et peuvent étre évitées par les titrations, de méme que certaines syncopes cardiaques primitives par excitation vagale . La mort est toujours la conséquence d ’ un arrét de la respiration, et jamais d’un arrét primitif du coeur : d’où l’intérét des mélanges titrés.
les caractéristiques de L’ETHER ET DU CHLOROFORME sont développées, avec leurs critères de choix. Il recommande d’éviter les techniques de sidération par l’éther et de préférer, surtout pour les anesthésies de longue durée, l’emploi du chloroforme, qu’il préconise d’administrer au moyen d’un dispositif particulier, formé de manchettes emboîtées tendant un tamis de toile recouvrant le visage en mouchoir, ou mieux, à l’aide de sa « machine à anesthésier ».Il propose un protocole d’anesthésie mixte, associant chloral et chloroforme, utilisé depuis 1872 dans le service du Pr. Cusco à l’Hôtel-Dieu de Paris
pour l’ ANESTHESIE OBSTETRICALE, l’administration de chloroforme avec sa machine,éventuellement par la sage-femme, présente de nombreux avantages ; il rapporte également un essai,dans le service du Pr. Pajot,d’ anesthésie locale par application de cocaïne diluée (DUBOIS ET DOLERIS ).
Enfin, pour L’ANESTHESIE VETERINAIRE, il recourt au chloroforme, mieux maîtrisé chez les grands animaux grâce à sa machine.
L’ouvrage comporte la description, les principes de fonctionnement et les modalités d’utilisation de sa « MACHINE A ANESTHESIER », déjà présentée dans la « Revue générale des sciences » du 15 juin 1891 .
LA MACHINE A ANESTHESIER
La conception de la « machine à anesthésier » de Raphaà« l DUBOIS est l’aboutissement des travaux de Paul Bert sur les mélanges titrés.
*la TITRATION MECANIQUE DES MELANGES présente de multiples intéréts : le chirurgien sait ce qu ’il fait : le mélange est homogène et d ’un titre déterminé, l ’anesthésie est régulière et continue, l ’agitation initiale est diminuée ou supprimée, l ’irritation et les syncopes du début sont évitées par la dilution fiable, la concentration d ’entretien est proche de celle du réveil, obtenu facilement et rapidement.
le premier instrument permettant d’obtenir cette titration mécanique est le GAZOMETRE DE ST MARTIN, appareil de laboratoire constitué d’un double gazomètre de Delong alternatif.
Il s’agit de cuves manchonnées recevant un cylindre d ’air mélangé qui se remplit au travers d’un barboteur de contenu défini en chloroforme. Cet appareil est coà »teux, lourd, encombrant (2x 150 l.) et non transportable ; il nécessite de plus la présence d’un aide permanent pour les remplir et les manier.*la MACHINE DE R. DUBOIS, que Paul BERT présenta à l’Académie des Sciences en juin 1885, est légère et transportable dans sa boite support à la téte du lit d’opération ; elle occupe le volume d’un tambour d’infanterie (ou d’un carton à chapeau).C’est un évaporateur ou vaporisateur, constitué d’une unité centrale et d’un dispositif de ventilation .La respiration du patient est libre dans le mélange délivré par l’appareil. L’ UNITE CENTRALE est un corps de pompe séparé en deux chambres par un piston aspirant et refoulant animé par un mécanisme à manivelle ; les deux chambres ont un méme tube d’admission et d ’échappement.
L’évaporateur comporte un petit vase à chloroforme, chauffé, placé sur le trajet de l ’air aspiré, qui en provoque la volatilisation dans le corps de pompe, et un plongeur, mà » par la méme manivelle, qui fait sortir d’un réservoir plus ou moins de chloroforme dans ce vase, selon le réglage de la course du plongeur.
Ainsi, la machine délivre de façon continue un volume constant, dans lequel la quantité de chloroforme est précisément connue ; le mélange est titré : 20 litres à 6, 8, ou 10% ; les variations de vitesse de la manivelle modifient uniquement le débit de gaz et non son titre.
Le DISPOSITIF DE VENTILATION,raccordé par un tuyau souple à l’unité centrale,peut étre, selon le type de chirurgie, soit un masque facial, en métal, à bords en caoutchouc flottant, sans soupape et maintenu d’une seule main, soit un tube de cuivre à extrémité effilée, faisant office de canule buccale ou nasale.
DEUX MODELES en ont été successivement construits, le premier vers 1884 par Mr. TATIN,à mécanisme alternatif et titrant par des godets changés à la main, puis celui de Mr. MATHIEU,vers 1890, plus léger et moins encombrant, à manivelle rotative et à titrage gradué.
Le MODE D’EMPLOI en est simple : les machines permettent de fixer le titre en déterminant la proportion de chloroforme évaporée dans chaque volume d’air entraîné par le mécanisme . La titration est décroissante : 10% pour l’ induction durant 7à 8 mn, 8% en baisse progressive 4à 5mn, puis 6% d’entretien entraînant une résolution complète, enfin 4% pour l’allégement en vue du réveil.
LES PERFORMANCES DE LA TECHNIQUE
Les AVANTAGES de la machine sont d’après son inventeur, multiples : elle rend inutile le soufflet à air en dotation pour la réanimation ventilatoire, car elle constitue le meilleur système de ventilation en cas de syncope. Elle réduit le risque de lésions caustiques du visage par aspersion de chloroforme et éventuellement, son masque facial est utilisable en « technique du cornet ».Le mécanisme supprime les facteurs de variation du titre ( t°, débit..) et permet des essais précis et comparatifs, non empiriques. La machine permet une titration analgésique en obstétrique, éventuellement administrable par un aide (sage-femme). Son usage en ophtalmologie réduit les vomissements, et permet, grâce à l’emploi du tube, de libérer la face, ainsi qu’en chirurgie maxillo-faciale. Par ailleurs, elle représente l’instrument idéal pour l’anesthésie du chien.
Les UTILISATIONS de cette machine sont, selon R. Dubois, très nombreuses : chez Péan ; plus de 200 anesthésies sont ainsi pratiquées en 1884 et 1885, « les plus diverses par leur nature, leur gravite, l’age (entre 6 mois et 73 ans) et le tempérament des opérés » . Un mémoire de A . Aubeau en rapporte avec détails les cent premières observations en 1884. L’emploi en est également mentionné chez Labbé et Lannelongue à Paris, chez Duplouy à Rochefort, chez Tripier à l ’hôtel-dieu de Lyon, ainsi qu’ à l ’étranger... »
Son SUCCES fut toutefois très relatif ; rapidement, les utilisateurs, en trouvant l’usage trop rébarbatif, prirent « l’habitude détestable, pour gagner du temps€¦de pratiquer l’induction à la compresse€¦puis seulement l’entretien à la machine », ce qui va à l’encontre des avantages de la titration.
La présentation de la technique elle-méme, tout comme la publication des premiers résultats et l’aspect novateur du procédé de Paul Bert ,furent l’objet de violentes CONTROVERSES, surtout à l’Académie de Médecine en 1890 et 1891, sur la « place respective » des physiologistes et des chirurgiens..
Au début des années 1900, la machine à anesthésier de R. Dubois ne fait,au mieux, que l’objet d’une simple mention dans les manuels d’anesthésie français.
Après ces quelques années de travaux sur l’anesthésie, R. Dubois retourne à ses multiples pôles d ’intérét en physiologie animale et végétale . Aucune de ses publication ne traitera d’anesthésie après 1900. Il nous reste aujourd’hui son « précis d’anesthésie » et sa « machine à anesthésier », concrétisations élogieuses des recherches fondamentales de Paul Bert .