Le Pulmoventilateur du Pr. Charles Hederer est un appareil de réanimation sophistiqué ; son inventeur est français.
Au début du siècle dernier la réanimation se basait sur les méthodes de Schaefer et les manœuvres de Holger Nielsen-Hederer . Ils agissaient en déterminant par une pression dans le sens antéro-postérieur l’aplatissement de la cage thoracique et accessoirement de l’abdomen et par un mouvement des bras. Les résultats du volume courant d’air respiré variaient entre 485 cc et 1056 cc (le dernier avec le mouvement des bras).
Méme la dépense en oxygène des opérateurs pratiquants la méthode Holger Nielsen a été mesurée (entre 480 cc pour les dames et 708 cc pour les hommes)
Après la Grande Guerre l’organisation de la réanimation est profondément remaniée et l’équipement a progressé. Des appareils mécaniques qui reprennent les manœuvres manuels voient le jours.
Le premier a été l’appareil de Panis de 1923. Panis était alors interne provisoire des hôpitaux de Paris. Le second est l’appareil de 1927 du docteur Chéron et qui a beaucoup en commun avec le Panis.
Puis vient l’appareil du médecin lieutenant-colonel F Cot en 1930. Cet appareil n’a pas de ceinture ou de sangle et il peut aussi étre basculé pour traiter (comme on croyait) les asphyxies du type bleu et du type blanc.
Ces appareils ont touts été employés par des secouristes et par des sapeurs-pompiers pour la réanimation des noyés et des électrocutés.
Le pulmoventilateur de 1934-35 du professeur Hederer combine les avantages des autres appareils. Il a des sangles pour les bras, pour encore mieux imiter la méthode de Holger Nielsen-Hederer . Les mouvements des bras et la pression dans le ventre se font simultanément par l’appareil, là ou dans la méthode manuelle ils se suivent.
Dans les années 50-60, Elam, Safar et bien d’autres étudient a profundis la réanimation et introduisent la réanimation telle que nous la pratiquons aujourd’hui avec le massage cardiaque et le bouche-à -bouche. Les appareils qui emploient la méthode Schaeffer ou la méthode Holger Nielsen-Héderer deviennent obsolètes.
Mais qui était donc ce professeur Charles Hederer :
Charles est né comme fils de Auguste Hederer et de Marie Josephine Fischer, en 1886 à Vesoul en Haute Saône. Il finit l’école médicale à Bordeaux avec une thèse sur le traitement de la Tuberculose. Il est engagé comme médecin dans la Marine Française.
Pendant la Grande Guerre il réussit à travailler dans de circonstances très difficiles sur la Canonnière « Zèlée » et les Croisiers « Jurien de la Gravière » et « Pothuau ».
Dès décembre 1915 jusqu’à la fin de la première guerre il est le médecin principal du camp d’occupation de Castellorizo en Syrie. Là aussi, sous une pluie de bombes, il continu à traiter ses patients. Après 1918 il est nommé « Médecin des hôpitaux » et « Professeur d’Hygiène ». Charles Hederer devient instructeur des cours supérieurs « Médecin Z », une organisation secrète de la Marine.
Comme il parlait parfaitement l’allemand (sa mère était une femme suisse allemande), il était l’homme idéal pour étudier à Lubeck les techniques allemandes de guerre chimique et la physiologie de navigation sous-marine. Charles s’intéressait d’avantage dans les armes chimiques, le soin des gazés et la respiration artificielle.
En collaboration du pharmacologiste Istin, il a écrit en 1934 le livre « l’arme chimique et ses blessures ». Dans le chapitre concernant l’oxygénothérapie, il a mentionné les différents appareils de respiration artificielle de ce temps. Au congrès international sur la réanimation et les premiers secours à Copenhague de la méme année Charles a présenté son pulmoventilateur.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale Il est Médecin en Chef de l’hôpital de Sidi-Abdallah. Pour sa connaissance en chimie, il tenait des contacts avec le groupe Lyonnais de Résistance « Marco Polo ». Il était un des amis du Général De Gaulle. A sa retraite le 10 mars 1946 il avait de nombreuses distinctions et médailles. Charles Hederer est décédé le 24 septembre 1967, laissant ainsi beaucoup d’officiers marins et d’infirmiers la mémoire d’un professeur formidable. Comme il avait 80 ans, certains de ses élèves lui soupçonnaient d’avoir trouvé une potion de longévité.