Les pinces tire-langues sont apparues dans la pratique vers 1880. en raison des "syncopes respiratoires" et des obstructions linguales. Les chirurgiens y avaient recours mais ce sont les physiologistes lors de leurs expérimentations animales (notamment sur les chiens) qui en avaient plus régulièrement l’utilisation. Ainsi il n’est pas étonnant que Laborde ait eu l’idée d’utiliser cette technique lors d’une intervention personnelle sur un noyé à la toute dernière extrémité (plus d’une heure de manoeuvres inefficaces de réanimation) Et oh miracle ! le noyé a récupéré une ventilation et a guéri avec une simple amnésie de l’évènement. Fort de ce cas et d’un autre, il publie sa technique à l’Académie de Médecine le 5 juillet 1892. Et alors lui parviennent de toute la France et d’Europe des observations de succès de sa méthode, il fait d’autres communications à l’Académie et publie cet ouvrage en 1894.
Il s’agit d’un récapitulatif de toutes les observations qu’il a colligé et dans son tableau récapitulatif il a retrouvé 63 observations de succès de sa méthode.
En dehors du simple côté anecdotique de ces observations, Laborde se fait un ardent défenseur de son procédé. Il donne des explications physiologiques en se basant sur une expérimentation animale (chapitre X). Il le diffuse tant à l’Académie qu’à la Société des sauveteurs de la Seine (2 juin 1894 numérisé par Gallica). Des instructions pour les sauveteurs sont publiées (chapitre XIII). Ce procédé sera repris par de nombreux auteurs français et étrangers. Les pinces tire-langues de forme plate (pince de Budin, pince d’Esmarch ) deviennent transfixiantes (pince de Berger, pince d’Ombrédanne, pince de Lucas Championnière) afin d’avoir une meilleure préhension et de moins grandes lésions linguales.
Ce procédé nécessitant une persévérance dans son application (plusieurs heures voire plusieurs jours) aussi Alfred Vélu a pris un brevet d’invention pour un tracteur lingual automatique [1]
Cette méthode ne sera réellement abandonnée qu’après la deuxième guerre mondiale.
Jean-Bernard Cazalaà