L’anesthésie fût réalisée par inhalation de vapeur d’éther par l’appareil de Charrière. en usage à Paris. Après une inhalation préalable de 5 à 6 minutes, l’amputation fut promptement réalisée avec succès. Une description clinique minutieuse et l’interrogatoire du patient fournissent des détails précis du déroulement de l’anesthésie et de la phase de réveil. Dans le même rapport, le Docteur VANDERHAGEN rapport une seconde intervention, pratiquée sur la nommée Sophie M..., célibataire, domestique, demeurant à Lille, âgée de 48 ans. pour une tumeur squirrheurse du sein gauche. L’intervention fut également un succès et la description de l’anesthésie, similaire à la première, met l’accent sur l’excitation nerveuse présentée au réveil par ces patients.
A la suite de l’amputation faite chez Martinetti, un élève interne de l’Hôpital Saint Sauveur (M.M.)manifesta le désir prononcé que l’on essaya sur lui-même la vaporisation de l’éther. La description de l’aspect clinique et des sensations perçues par l’interne, qui se réveilla sans autre problème qu’une lassitude prononcée pendant deux heures, apparaît des plus instructives. Malgré le succès de ces trois observations et l’engouement suscité, les conclusions demeurent étonnamment prudentes. Faut-il y voir un reflet des réticences rencontrées par la nouvelle technique à l’Académie des Sciences de Paris, après de membres aussi éminents qu’Alfred VELPEAU ou MAGENDIE
Néanmoins l’anesthésie à l’éther va connaître une diffusion foudroyante à travers le monde, suivie à la trace par les bateaux porteurs des correspondances et des informations. Les délais de publication étaient plus brefs puisque le rapport du Docteur VANDERHAGEN parut avant même la sortie de MARTINETTI de l’Hôpital Saint Sauveur, et les commandes hospitalières ne subissaient pas les mêmes délais, puisque dès le 26 février 1847, la Commission Administrative des Hospices de la ville de Lille autorisait l’achat d’un appareil destiné à l’inhalation de la vapeur d’éther.
L’exemple de l’anesthésie à l’éther à Lille, illustre bien la promptitude avec laquelle les médecins de l’époque se saisissaient des progrès de la médecine, rendant compte d’une extrême rapidité de la diffusion des connaissances et des techniques.