Alexandre Lacassagne fut un des principaux fondateurs de la médecine légale et de l’anthropologie criminelle. à‰minent savant et érudit, il s’intéressa aux problèmes de société, notamment ceux liés à la criminalité et aux déviances psychologiques.
Né en 1843 à Cahors, il se dirigea dès ses 20 ans vers la médecine en intégrant en 1863, l’école de santé militaire de Strasbourg. Il fut médecin militaire en Algérie de 1870 à 1872, et poursuivit, au cours de l’année suivante, comme médecin-major au Val de Grâce où il fut agrégé pour la spécialité de l’hygiène en médecine légale.
Avant de devenir professeur de médecine légale à la faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lyon, il publia quelques ouvrages majeurs comme le Précis d’hygiène publique et sociale (1876) , le Précis de médecine judiciaire (1878) ou encore De l’influence du travail intellectuel sur le volume et la forme de la téte (1878 en collab. avec M. Cliquet). Il publiera par ailleurs des dizaines d’autres ouvrages tout au long de sa carrière, dont de nombreux autres précis et ouvrages de références dans le domaine de la médecine légale.
à‰lu membre correspondant de l’Académie de médecine de Lyon en 1890, il se penche au cours de l’année suivante sur l’affaire Gouffé, dite de la malle sanglante de Millery . Sa célébrité fut faite lorsqu’il identifia en novembre 1899 le corps en décomposition avancé de M. Gouffé, huissier parisien, à partir d’un examen approfondi des os et des cheveux.
Instituant les bases de la police criminelle, il participa également aux grandes affaires criminelles de l’époque en rédigeant de nombreuses expertises médicales qui permettaient d’établir alors le niveau de responsabilité ainsi que l’état mental des condamnés.
Alexandre Lacassagne analyse aussi tous les aspects de la criminologie et se penche sur le cas des condamnés. Il effectue régulièrement des visites à la prison de Lyon où il oblige les condamnés à tenir un journal. Cette littérature des prisons nourrit une abondante matière de réflexion au professeur, qui aboutira à la célèbre doctrine : Les sociétés ont les criminels qu’elles méritent ce qui l’opposera alors à la thèse du "criminel-né" de Cesare Lombroso (1835-1909).
Cependant, A. Lacassagne au-delà de toutes ses études scientifiques et médicales, développe un véritable engouement pour la période révolutionnaire notamment au travers de l’étude du personnage de Marat, à qui il vouait un certain culte.
Réalisant un véritable travail d’historien et de collectionneur, il fonda le Musée d’histoire de la médecine de Lyon.
Ces deux fils s’illustrèrent dans le médecine. Antoine-Marcellin-Bernard Lacassagne (1884-1971) devint radiobiologiste et cancérologue et Jean Lacassagne (1886-1960) devint dermato-vénérologue et historien de la médecine.