date de publication : 1956
Il s? ??agit d? ??un extrait de l? ??histoire romancée d? ??un jeune médecin allemand, le Dr. Schultheiss, prisonnier de guerre des russes après la bataille de Stalingrad. L? ??action se passe entre 1943 et 1950, dans un baraquement du camp qui servait d? ??infirmerie, en plein hiver russe, près de la célèbre ville.
Les protagonistes sont : Dr. Schultheiss, jeune assistant, Dr. Sellnow, assistant plus ancien ; Dr. Fritz Böhler, chirurgien en chef ; Emil Pelz, infirmier, la Kasalinsskaya, médecin russe du camp, et? ?? le malade.
Der Arzt Von Stalingrad (Le Médecin de Stalingrad), publié en 1956, vendu à 3,5 millions d’exemplaires et adapté au cinéma deux ans plus tard,
Voilà, nous y sommes ! S’exclame Sellnow. Je l’ai dit dès le début, c’est une appendicite. Nous voilà dans de beaux draps ! Et bien entendu , c’est une perforation. Il faudrait opérer cet homme sans délai. Mais avec quoi ? Nous n’avons même pas un malheureux scalpel !
Allez préparer le patient pour l’opération, Pelz, dit doucement notre chef, le Dr. Fritz Bôhler, qui venait d’entrer à son tour. Son visage, long, étroit, avec un front d’une hauteur exagérée, des yeux en amande, un nez très long, des lèvres minces et serrées, porte le sceau, très net, d’une longue captivité.
Avec quoi comptez-vous opérer, Monsieur le commandant-médecin ? interroge Sellnow sans même essayer de dissimuler le ton ironique de sa voix.
Avec un couteau, naturellement, monsieur Sellnow, répond Böhler sans se déconcerter.
Sellnow fait un geste qui doit signifier : " Il est complètement fou ! " puis se calme à la vue du couteau. Un couteau ordinaire, à deux lames, tel que nous en avons tous eu un dans notre jeunesse. Nous entrons dans la " salle d’opération " : pièce assez grande, avec une table recouverte d’un drap blanc. Le patient s’y trouve déjà. Emil Pelz lui parle doucement.
Le Dr. Böhler va à la cuvette posée sur une table. Pelz l’aide à enlever sa veste, et il commence à se laver les mains.
J’étale nos "instruments" sur une planchette posée sur une chaise, à côté de la table d’opération. A ce moment la Kasalinsskaya entre. (? ??) En outre, elle fume une cigarette turque, au parfum doucereux.
La doctoresse russe le regarde avec hauteur et jette sa cigarette dans le seau destiné à recevoir les pansements sanglants et les débris.
A ce même moment, la Kasalinsskaya s’approche, me prend le flacon d’éther.
Le patient s’endort et se raidit
Le malade respire calmement. Je sens le pouls ? ?? 120 ! Dis-je. Pas une montre, ni même un sablier, pour les compter ! Böhler a déjà saisi le couteau, posé la main gauche sur le ventre et pratiqué rapidement une incision.
Pendant que Sellnow prend les érignes en fil de fer et écarte les lèvres de l’entaille, le chirurgien éponge le sang. Il est très calme, très maître de soi ; la Kasalinsskaya manifeste assurément une certaine angoisse. Le flacon d’éther tremble entre ses doigts.
Soudain, Böhler crie à la Kasalinsskaya :
Tonnerre ! Enlevez donc ce masque ! Est-ce que vous voulez tuer le malade !
La blessure a tourné au bleu. La Kasalinsskaya a donné trop d’éther ; le patient risque d’être asphyxié. Je saisis le pouls et compte au moins 160 pulsations.
Les deux chirurgiens observent, sans pouvoir intervenir. Maintenant, il faut laisser la nature agir et espérer que le malade se ranimera de lui-même. Pelz et moi pratiquons la respiration artificielle.
Nous avons de la chance, les lèvres bleuies et le visage blême reprennent de la couleur, le pouls se calme.